Lettre N° 5  Février 2024

Dans cette lettre je vais vous expliquer comment le Dr Paul Nogier a réussi, alors que la technologie moderne en était à ses balbutiements, à dresser une cartographie des points auriculaires, c’est là tout son géni.

Je vous rappelle que le Dr Paul Nogier avait vu des patients de sa clientèle, souffrant de sciatique, et soulagés par une cautérisation d’un point d’oreille pratiqué par une guérisseuse Madame Barrin. Paul Nogier essaie de comprendre pourquoi ce point est actif dans la douleur sciatique.

Ce point n’était pas connu en acupuncture : à part la description de deux ou trois points, pas de traces dans la Chine Antique ou dans d’autres civilisations de traitements par les oreilles.

Paul Nogier essaye ce point pour toutes les douleurs, et s’aperçoit qu’il n’est actif que pour les douleurs sciatiques.

Il associe ce point à la région lombo-sacrée de la colonne vertébrale, dont on sait qu’elle est à l’origine de la sciatique. De fil en aiguille, il formule l’hypothèse de l’existence d’une somatotopie auriculaire, c’est-à-dire d’une représentation du corps sur l’oreille, de même qu’il existe une représentation du corps sur le cortex cérébral (c’est ce que l’on appelle « somatotopie »). 

Paul Nogier emploie des méthodes fondées sur des stimulations douloureuses : une stimulation douloureuse d’une zone corporelle crée sur l’oreille une altération ponctuelle de la sensibilité.

Entre 1951 et 1963 il utilise différentes méthodes de recherche :

Application de froid sur une zone périphérique avec recherche des points d’oreille sensibles au froid ou au chaud.

Application de chaleur sur une zone périphérique et recherche des points d’oreille sensibles au chaud ou au froid, création d’une douleur sur une zone périphérique et recherche des points d’oreille sensibles à la pression.

Ses conclusions :

Premier principe. « Chez un homme sain, une excitation périphérique, convenablement choisie, permet de recueillir au niveau d’un des pavillons une information majeure toujours au même endroit pour un même lieu d’excitation.»

Paul Nogier. Traité d’auriculothérapie. Page 94. France: Maisonneuve, 1969

Deuxième principe. Quelle que soit la nature des excitateurs périphériques, si la région excitée est la même, l’endroit de l’oreille où l’on recueille l’information est également la même. Il devient clair qu’un désordre pathologique peut être un stimulateur ou une somme de stimulateurs qui se manifeste par des points très précis.»

Paul Nogier. Traité d’auriculothérapie.

Les procédures appliquées :

Méthode rationnelle

«La découverte de la clé de voûte de la cartographie (anthélix=colonne vertébrale) rendit évident qu’un ordre logique de correspondances existait

et qu’il était essentiellement lié à la forme du pavillon.» Traité d’auriculothérapie. Page 95.

Correspondance pathologique : «Dans un second temps, la recherche systématique des douleurs vertébrales ou des membres permit de vérifier et de préciser au niveau du pavillon les points correspondants.» Traité d’auriculothérapie.

Preuves thérapeutiques : «Dans une troisième phase, pour être homologués, les points mis en évidence devaient faire leur preuve en supprimant le trouble ou la douleur de l’organe supposé en correspondance.» Traité d’auriculothérapie. Page 94.

Confirmation électrique : Le détecteur électronique facilita, sans idée préconçue des recoupements précieux.

Observations singulières : Certains malades présentant une sensibilité peu courante se trouvent dans un état tel que la simple palpation de certains points d’oreille réveille dans la région périphérique correspondante une douleur diffuse.

Preuve expérimentale

• Excitation de points auriculaires par le chaud et étude de la sensibilité au froid sur les zones périphérique correspondantes

• Excitation périphérique et recueil d’une information auriculaire.

Exemple : Refroidissement d’un genou avec une vessie de glace et étude du point auriculaire correspondant en recherchant une sensibilité excessive à la chaleur.

1963 : Niboyet découvre les propriétés électriques des points d’acupuncture.

Le point d’acupuncture peut être trouvé par la mesure de l’impédance cutanée. C’est un point de moindre résistance électrique cutanée (REC).

Paul Nogier applique cette méthode de détection sur l’oreille. Il trouve sur l’oreille des points de moindre REC. Il pense donc que les points d’oreille peuvent être recherchés soit par des mesures électriques soit par la douleur. Il utilise la détection électrique pour confirmer les localisations sur l’oreille.

1966 : Paul Nogier découvre un nouveau phénomène : le RAC ou réflexe auriculo cardiaque ou VAS.

En raison des difficultés pour observer les relations entre la périphérie et l’oreille, Paul Nogier utilise le RAC pour préciser les localisations d’organe sur l’oreille. En fait beaucoup d’organes en dysfonction ne sont pas forcément douloureux et il n’est pas possible de détecter leur point par la méthode de la douleur à la pression de l’oreille.

Dans les années 1970

Paul Nogier utilise des préparations biologiques avec des tissus organiques humains et stimule la périphérie non plus avec des stimulations nociceptives mais avec des photons ou des courants électriques traversant ces préparations (ampoules ou anneaux tests).

Il recherche avec le RAC les points correspondant sur l’oreille.

En 1975 Paul Nogier publie « Loci auriculo-medicinae ».

Il s’agit d’une cartographie très précise des points d’auriculothérapie.

Nous voyons donc que dépourvu des moyens technologiques modernes comme l’IRM fonctionnelle Paul Nogier a décrit grâce à son géni inventif la localisation des points d’auriculothérapie. Nous étions en 1975. Cette cartographie a été confirmée à 90%, à partir des années 2000, par des méthodes scientifiques, incontestables (IRM fonctionnelle).

Nous verrons dans une prochaine lettre les apports concernant la cartographie d’un neurophysiologiste, le Dr René Bourdiol, qui fut l’un de mes Maîtres de 1989 à 2004, date de sa mort.